La quadrature du cercle

Et si les neurosciences cognitives et la psychanalyse, au lieu de s’ignorer superbement, parvenaient à dialoguer pacifiquement ? La partie, pour être honnête, est loin d’être gagnée, car

  • « en France, la culture acquise et sa transmission font que presque aucun psychanalyste ne mène de recherches en neurosciences et qu’aucun neuroscientifique, au cours de son cursus, ne croise de près ou de loin la psychanalyse », fait observer Nicolas Georgieff, l’un des rares « psy » tricolores à s’intéresser de très près aux neurosciences.
  • Résultat, pour forcer le trait :
  • d’un côté, des neuroscientifiques chevronnés hostiles à la psychanalyse et volontiers taxés de réductionnistes ;
  • de l’autre, des psychanalystes freudiens, jungiens ou lacaniens radicalement hermétiques au monde des sciences.

Qu’en conclure, sinon que tout consensus semble voué à l’échec ?

  • Et pourtant… D’aucuns ont beau comparer les tentatives – ô combien timides – de rapprochement en cours à l’accouplement de l’ours polaire avec la baleine, des « ponts sont jetés par une nouvelle génération de chercheurs doublement formés aux neurosciences et à la psychanalyse », assure Nicolas Georgieff.
  • Parmi ces têtes pensantes, pour l’essentiel anglo-saxonnes, Mark Solmz, professeur de neuropsychologie à l’université du Cap, et Erik Kandel, professeur à l’université de Columbia et Prix Nobel 2000 de physiologie et médecine.
  • Leur cheval de bataille : prouver que la biologie est l’avenir de la psychanalyse. Laquelle, tout en constituant un trésor d’hypothèses à exploiter, a jusqu’ici pâti d’un manque de légitimité faute de pouvoir confronter scientifiquement ses principes explicatifs à l’expérimentation. Comment y parvenir ?
  • téléchargement (10)En « naturalisant » l’inconscient, c’est-à-dire en cherchant à traduire les grands concepts psychanalytiques en réalités neurobiologiques, grâce à l’imagerie cérébrale fonctionnelle.
  • « Tenter de “localiser” par IRM des notions psychanalytiques dans le cerveau constitue une voie de recherche radicale, commente Nicolas Georgieff, et n’a rien à voir avec la psychanalyse en tant que pratique thérapeutique.
  • Il s’agit par conséquent de faire le tri entre les principes psychanalytiques susceptibles de se prêter à une “naturalisation” (ce qui est particulièrement difficile) et ceux, plus subjectifs, qui relèvent plutôt de l’interaction entre un patient et un analyste. »
  • Avant toute chose, commençons par reposer les principes du débat, propose le même expert, de manière à chasser les démons de chaque « clan » et à obtenir une reconnaissance mutuelle.
  • Car pour lui, la psychanalyse ne pourra jamais répondre aux questions posées par la démarche neuroscientifique, et vice-versa. Courage !

Philippe Testard-Vaillant