conférence de Thierry JANSSEN à l’ULP de BRUXELLES 15/03/2011

AVOIR L’ESPOIR

CE N’EST PAS CROIRE

QUE LES CHOSES VONT SE PRODUIRE BIEN

C’EST PENSER

QUE LES CHOSES AURONT

UN SENS

Conférence de Thierry Janssen Cliniques Universitaires de St LUC, BRUXELLES, 15/03/2011Portrait-Thierry-Janssen-49

  • La fin de Vie, c’est avoir espoir,  non pas croire que les choses vont se produire bien, mais qu’elles auront un sens. Le SENS est un besoin fondamental de l’homme. Les 5 sens apportent diverses perceptions, interprétations émotions , images mentales, représentations en mots, croyances, idées que l’on se fait du monde. Le sens empêche le chaos. S’il n’y a pas de sens,  le stress arrive au summum et conduit à la mort.
  • Le sens donne la raison de vivre. Le sens peut donner une direction, rassurer, permettre de contrôler, influencer…

 Voilà 10-20 ans, des psychologues créent un mouvement basé sur une pensée positive, s’interrogent sur ce qui est nécessaire et suffisant pour être en bonne santé.

  •  L’existence prend un sens différent pour chacun. On peut découvrir le sens de la vie de trois façons :
  • En logothérapie, le thérapeute essaie de faire voir à son client quelles sont ses responsabilités. C’est à chacun de choisir ce dont il veut être responsable, envers quoi, ou envers qui. La personne doit chercher son but à l’extérieur plutôt qu’en elle-même ou dans sa psyché, dans une dimension qui transcende son existence individuelle. Plus on s’oublie soi-même -en se consacrant à une cause ou a une personne qu’on aime- , plus on est humain et plus on se réalise.
  • Le sens de la vie : La raison de vivre varie en fonction des individus, de leur situation, et de leur histoire. Ce n’est donc pas le sens global de la vie qui importe mais celui que lui attribue une personne à un moment donné de sa vie. La vocation de chacun est donc unique tout comme sa façon de la réaliser. Chaque personne fait face à une question que lui pose l’existence et elle ne peut y répondre qu’en prenant sa propre vie en main. C’est pourquoi la logothérapie considère la responsabilité comme l’essence même de l’existence humaine. La responsabilité, essence de l’existence.
  • Le vide existentiel : L’homme ayant perdu son instinct et ses traditions au cours de son évolution, plus rien ne lui dicte donc sa conduite; il lui arrive même de ne pas savoir ce qu’il veut. Ou il cherche à imiter les autres (conformisme) ou il se plie à leurs désirs (totalitarisme) Le vide existentiel se manifeste surtout par un état d’ennui. Et le problème risque de s’aggraver à mesure que l’automation augmente les heures de loisirs des travailleurs moyens. Nombre d’entre eux ne savent pas comment utiliser ce temps libre nouvellement acquis. Dépression, agressivité, toxicomanie, proviennent du vide existentiel qui les sous-tend.
  • Un grand nombre de personnes aujourd’hui sont affectées par le sentiment que la vie n’a aucun sens. Elles n’ont pas de raison de vivre consciente. Elles sont hantées par un sentiment de vide intérieur, le « vide existentiel ».
  • Ce dont l’être humain a besoin, ce n’est pas de vivre sans tension, mais bien de tendre vers un but valable, de réaliser une mission librement choisie. Il a besoin, non de se libérer de sa tension, mais plutôt de se sentir appelé à accomplir quelque chose.
  • La recherche dynamique de sens : La recherche d’un sens à sa vie peut créer chez la personne une tension plutôt qu’un équilibre interne, mais cette tension est indispensable à sa santé mentale. Rien au monde ne peut aider une personne à survivre aux pires conditions mieux que ne peut le faire sa raison de vivre.
  • Grâce à la logothérapie, une personne peut prendre conscience de ses raisons de vivre cachées; en cela, elle s’éloigne de la psychanalyse dans la mesure où elle considère que l’être humain cherche avant tout à donner un sens à sa vie plutôt qu’à satisfaire uniquement ses besoins et ses instincts ou à s’adapter à la société et à son environnement.
  • La recherche d’un sens à la vie : Les efforts pour trouver un sens à sa vie constituent une motivation fondamentale de l’être humain. La personne ne réussit pas toujours à trouver une raison de vivre. On parle alors de « vide existentiel ».
  •  La logothérapie est moins rétrospective et moins introspective que la psychanalyse, elle s’intéresse plutôt à l’avenir. C’est une psychothérapie fondée sur le sens de la vie. Elle aide le patient à sortir des cercles vicieux et des mécanismes de défense qui jouent un grand rôle dans le développement des névroses.
  • Pour Victor Frankl, les camps de concentrations prouvent que l’être humain peut encore choisir, et garder sa dignité dans des conditions les plus extrêmes.
  • frankl_1994Son père, sa mère, son frère, sa femme, furent tous tués dans les chambres à gaz ; de toute sa famille, il est le seul à avoir survécu avec sa sœur. C’est de cette lutte pour la survie qu’il va tirer cette oeuvre et sa thérapie, par un questionnement sur ce qu’il reste de sens à la vie lorsqu’on subit de telles atrocités et qu’on affronte des situations extrêmes.
  • Viktor Frankl, né à Vienne le 26 mars 1905 et décédé à Vienne le 2 septembre 1997, était un professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie. Il est le créateur d’une nouvelle thérapie qu’il baptise : logothérapie qui prend en compte le besoin de « sens » et la dimension spirituelle de la personne. C’est à la suite de sa terrible expérience dans les camps de concentration qu’il a développé son interrogation sur les possibilités de réalisation et d’accomplissement offertes à l’homme !
  •  « Découvrir un sens à sa vie : Avec la logothérapie » [Broché] Viktor Frankl (Auteur)
  • Thierry Janssen évoque Viktor Frankl, quelques précisions sur cet auteur :
  • En quoi un cancer peut apporter du sens à son existence? A nous d’inventer la direction de notre existence!
  •  Qu’est-ce qui créé la bonne santé? Qu’est-ce qui induit le bien être psychologique, physique social? « On peut mourir en bonne santé psychologique, spirituelle. » 
  • en réalisant une oeuvre ou une bonne action : Le sens de l’accomplissement Cette première façon passe par l’accomplissement d’une oeuvre
  • en faisant l’expérience de quelque chose ou de quelqu’un : Le sens de l’amour Cette deuxième façon de trouver un sens à sa vie est de faire l’expérience de la bonté, de la vérité, de la beauté en prenant contact avec la nature ou avec une certaine culture ou encore mieux, de connaître le caractère unique d’un être humain à travers l’amour.
  • en assumant une souffrance inévitable : Le sens de la souffrance La troisième façon de trouver un sens à sa vie passe par la souffrance assumée. Il est possible de trouver un sens à l’existence, même dans une situation désespérée, où il est impossible de changer son destin. L’important est alors de faire appel au potentiel le plus élevé de l’être humain, celui de transformer une tragédie personnelle en victoire, une souffrance en une réalisation. La souffrance cesse de faire mal au moment où elle prend un sens. Elle devient alors un acte sacré, un sacrifice.
  • La vie est éphémère La logothérapie, sans nier le caractère transitoire essentiel de l’existence humaine, n’est pas pessimiste, mais plutôt « activiste ». En terme figuré, le pessimiste ressemble à la personne qui voit avec tristesse son calendrier s’amincir de jour en jour à mesure qu’il enlève les feuilles.
  • Par contre, la personne qui aborde avec enthousiasme les problèmes de la vie ressemble à la personne qui range soigneusement les feuilles de son calendrier après avoir griffonné quelques notes à l’endos. Elle peut se pencher avec joie et fierté sur toute la richesse contenue dans ces notes, sur tous les moments d’une vie dont elle a pleinement joui. Que lui importe de vieillir ?
  • La psychologie humaniste:  L’être humain est un être qui choisit son destin. Dans les limites de ses dons naturels et de son environnement, il est responsable de ce qu’il devient. Pour un optimisme tragique, comment peut-on dire oui à la vie, en dépit de tout ? Comment la vie peut-elle conserver son sens en dépit de tous ses aspects tragiques ?
  • Ce qui compte, c’est de tirer le meilleur parti possible de chaque situation en tenant compte de ses aptitudes à :

1/transformer la souffrance en réalisation humaine

2/trouver dans le sentiment de culpabilité l’occasion de s’améliorer

3/agir de façon responsable face au caractère transitoire de la vie

  •  La recherche du bonheur : On ne peut pas poursuivre le bonheur, il doit s’ensuivre naturellement. On doit avoir une raison d’être heureux. L’être humain ne cherche pas le bonheur mais plutôt une raison d’être heureux.
  • Pour faire rire quelqu’un, on doit lui fournir une raison, lui raconter une blague par exemple. Lui demander de sourire sans raison ne donnerait qu’une grimace.
  •  La perte du sens de la vie : Lorsqu’une personne a trouvé un sens à sa vie, elle est non seulement heureuse, mais elle est aussi capable de faire face à la souffrance. La personne qui recherche en vain une signification a son existence peut en mourir. Le sentiment d’une existence inutile joue un rôle croissant dans le développement des névroses. Les gens ont assez d’argent pour vivre, mais aucune raison de vivre. Ils ont les moyens mais pas les motifs.
  • L’être humain ne vit pas que de sécurité matérielle. Découvrir un sens à sa vie Comment procéder pour trouver un sens à sa vie ?
  • Trois avenues principales peuvent nous révéler le sens de la vie
  •  1/Cela consiste à accomplir une oeuvre ou une bonne action
  • 2/Cela consiste à connaître et aimer quelque chose ou quelqu’un (on peut trouver un sens à sa vie non seulement dans le travail, mais aussi dans l’amour)
  • 3/Cela consiste à assumer dignement une souffrance inévitable (permet de transformer une situation pénible en réussite personnelle)
  • Pour conclure:  Cela va mal dans le monde, mais cela ira encore plus mal à moins que chacun de nous fasse de son mieux. Depuis Auschwitz, nous savons ce dont l’homme est capable. Et depuis Hiroshima, nous connaissons l’enjeu. Donc, soyons vigilants.

 

Retour à la conférence de Thierry Janssen

  • « La vie a-t-elle un sens? » n’est pas la bonne question
  •  « Quel sens allons-nous donner à notre vie » voilà la bonne question.
  • A nous d’inventer la direction de notre existence!
  •  « La vie va m’apporter quoi? »  n’est pas la bonne question!  plutôt…
  • « Je vais apporter quoi à ma vie? »
  •  Il semble y avoir 3 éléments fondateurs pour créer de la bonne santé, du bien être :

1 enfant-le-bonheur-dc3aatre-soi-chantal (1)PLAISIR

2 EXPÉRIENCE OPTIMALE

3 ATTRIBUTION D’UN SENS

 1 PLAISIR : cette émotion positive cet hédonisme sont essentiels à la vie.

2 EXPÉRIENCE OPTIMALE : c’est être pleinement présent à ce que l’on fait,  jusqu’à s’oublier soi-même. L’impression temporelle disparaît, ne faire qu’un avec ce que l’on fait.

3 ATTRIBUTION D’UN SENS : développer une bonne vie, ce qu’il y a de meilleur en nous, développer un espace intérieur, qui devient extérieur. Pour Tolstoï,

« Faire ce que l’on veut n’est pas important, 

mais vouloir ce qu’on fait est primordial. » 

  • Donner sa dignité à l’autre, pour accéder, pour donner, choisir, nommer le sens de ce que l’on vit. Le soignant, l’aidant, le « passeur » ne doit pas imposer un sens aux autres, mais permettre à l’autre d’inventer, de créer, de faire sens de sa vie.  Une spiritualité à inventer, une explication à trouver, un intuition, une sagesse, un conscience, un signifié (la représentation mentale), un chemin, une direction…….. à sa VIE.
  •  Dans la même pensée, il ne faut pas avoir trop de projet pour nos patients, mais accepter ses limites, tout comme les nôtres, dans le non-jugement.
  •  La qualité de présence est essentielle, aptitude, capacité d’être à soi et aux autres.
  • Les soignants sont beaucoup trop dans le « FAIRE« , leur agitation révèle, souligne leur angoisse, peur, chagrin, inquiétude, épouvante, trouble….
  • alors que se laisser « ETRE », dans l’ancrage, l’ici et le maintenant, permet de faire partager le calme, la paix, la sérénité, la quiétude, la tranquillité, la douceur, le silence.
  •  Créer un espace non verbal, ou émane, découle, diffuse le bien être. Permettre d’écouter, de goûter à la vie qui coule en moi, ça respire, lâcher prise…
  • Accompagner quelqu’un à la mort, c’est être un « passeur » d’âme, un accoucheur à la mort, à la vie, c’est un acte de vie.
  •  Peut-être devenir l’espace dont l’autre a besoin pour créer son propre espace, s’y installer et y être bien, en confiance.
  • Un peu d’humour : Aristote disait ETRE pour FAIRE , « To do, to be. »
  • Sartres préférait FAIRE pour ETRE « To do to be »
  • C’est Franck SINATRA qui a tout compris! « DOBEDOBEDO« 
  • cet aller -retour incessant, constant entre l’ETRE et le FAIRE apporte l’équilibre en évitant la dualité! Cette qualité de la Présence créé le confort et la satisfaction, une émotion agréable, une détente douce, où l’autre est pleinement là.
  • Parler peu mais être relié à l’autre, dans le regard, le contact, pourquoi pas un massage, tactilo-thermique? C’est la relation à l’autre qui fait sens.  Etre là pour être avec les autres, cette qualité de présence rejoint les trois voies essentielles, évoquées plus haut : le plaisir, l’expérience optimale, l’attribution du sens
  • La maladie peut apprendre ce qu’est la vie. Transformer une expérience douloureuse en source de croissance personnelle, d’évolution, de changement, d’amélioration…
  • « La beauté, c’est ce qui plaît, sans concept, universellement. » La beauté, c’est ce qui est juste, vertueux, l’homme peut être beau, peut avoir des germes de beauté en lui, qu’un événement peut faire croître.
  • matisse-joySPIRITUS signifie en latin le souffle, la vie, partie incorporelle de l’être humain, par opposition au corps, à la matière..La spiritualité n’est pas la religion.
  • La spiritualité, c’est rechercher le lien qui réunit toutes les parties du vivant. Aider, c’est déterminer les limites, être à côté de l’autre et aller où il veut aller.  S’il y a déni, être avec lui dans le déni, s’ouvrir et lui permettre de s’ouvrir.
  • Pratiquer la pleine conscience: mindfullness, ne pas ajouter de la souffrance à la souffrance, en pratiquent l’enthousiasme, la joie l’ouverture.