L’ensorcellement du monde

L’ENSORCELLEMENT DU MONDE

Boris_Cyrulnik_-_2011-11-01_-_croppedBoris Cyrulnick

La fonction de l’ensorcellement, c’est de nous fondre, de nous faire éprouver le délice d’être avec, de fusionner dans le monde de l’autre, créant ainsi le sentiment d’exister, de plénitude comme dans l’amour. Nous sommes constitués par trois cerveaux, suivant notre évolution phylogénétique

  • 3cerveaux_lightLe cerveau reptilien, premier, l’instinct, les réflexes moteurs, l’état de veille, la température du corps.
  • Le cerveau des émotions, de la mémoire, l’apprentisasge.
  • Le cerveau de la raison.

Il en existe un quatrième, il se structure dans le vide entre deux personnes = l’imperçu, l’absolu rempli par nos signes et nos symboles.

  • Le cerveau sert à parler pour inventer un monde imperçu, rempli de signes.
  • Le perçu n’est perçu que pour évoquer l’imperçu.
  • L’aptitude à l’anticipation témoigne une capacité de dissociation entre le signifiant, où représenté, et le signifié, pas là, mais représenté.
  • Dès qu’un cerveau est capable de mémoire, toute information perçue s’associe à une information passée.
  • Dès que la mémoire apparaît dans le monde vivant, le perçu évoque.
  • La personne lobotomisée (lobe frontal), reste immobile, ne parle pas, enfermée dans une suite de présents, dans un monde où rien du passé ne persévère et aucun avenir ne se figure.
  • C’est le douloureux paradoxe de la condition humaine : sans angoisse et sans souffrance, l’existence n’a pas de goût!
  • Quand l’enfant se temporalise, il devient capable de se décentrer et de se libérer de l’instant.
  • L’angoisse nous contraint à la création, la culpabilité, nous invite au respect.
  • Sans angoisse, nous passerions notre vie couché, et sans culpabilité, nous resterions soumis à nos pulsions.
  • L’hypnose, c’est un état de la sensorialité liant deux organismes séparés. L’expression d’un fait impressionnant l’autre et le captivant.
  • Il existe quatre états: la vigilance, le sommeil, le rêve, le vide entre deux individus séparés et reliés par leurs perceptions échangées.
  • L’hypnose est un terme impropre, plutôt « captos » ou « captivose », de captare = saisir, prendre sensoriellement, attacher de force, capter par les sens, ensorceler.
  • Les hommes vivent dans le monde de l’angoisse imprerçue qui les pousse à inventer des représentations tranquillisantes
  • . Une simple représentation d’un événement possède un effet émotionnant bien supérieur aux perceptions de l’événement lui-même.
  • La mort, vue, est plus bouleversante que la mort dans le réel.
  • Le quotidien n’est jamais pur, le banal est ambivalent : à l’instant où nous éprouvons le plus grand chagrin de la perte du grand-père, nous avons été réjouis par la vue de l’enfant qui tendait la tête pour voir le grand-père et…nous l’avons trouvé tellement mignon…au moment de notre plus grande tristesse.
  • En créant un monde de représentations imperçues, l’homme habite en un non-lieu.
  • En faisant des récits, il le peuple d’utopies dont les drames l’ensorcellent.
  • Les utopies expriment et donnent forme à nos désirs les plus profonds. Mais, n’éprouvant pas les mêmes désirs, nous n’inventons pas les mêmes utopies.
  • Les utopies des autres nous agressent : la guerre règle ce problème.
  • La parole donne accès à un monde imperçu, qu’on éprouve. « Poum! T’es mort! », c’est la pensée perceptuelle, chez l’enfant, il ne se représente pas la mort comme un vide absolu, un néant, une souffrance pour ceux qui restent, pour ceux qui aiment.
  • Donner la mort ou se donner la mort relève de la pensée émotionnelle.
  • Pour avoir une pensée abstraite, de ce qu’est la mort, il faut utiliser la pensée où le temps n’est pas à l’échelle humaine, mais à l’échelle solaire, où la mort est bénéfique aux vivants.
  •  Pour une espèce qui évolue, la mort est indispensable, sinon l’espèce disparaîtra, trop vieille.
  • LA VIE NE MEURT JAMAIS.
  • Seuls, les transporteurs de vie meurent.
  • J’existais bien avant moi-même, sous forme de cellules placées à l’intérieur d’autres transporteurs de vie.
  • L’ADN est transporté depuis 3,8 milliards d’années, il vit dans ma mémoire génétique, mais nous n’en avons pas de souvenirs.
  • Une enveloppe, un papillon, un saumon, un éléphant…tous porteurs de gamètes, doivent se rencontrer pour inventer un troisième : LA VIE NE MEURT JAMAIS.
  • C’est notre équipement génétique qui nous permet de nous représenter à nous même un monde imperçu.
  • ONTOLOGIE = l’être, ce qu’il est, analyse de l’être sans référence à ses déterminations particulières .
  • PHYLOGENIE : la genèse, la naissance de la race = le développement des espèces qui  sont en cours de l’évolution