Eléments de psychologie spirituelle, Dr Jacques Vigne

ÉLÉMENTS DE PSYCHOLOGIE SPIRITUELLE

jacques_vigne_2Dr Jacques VIGNE, Albin Michel, 1993

Jacques Vigne a eu une formation de psychiatre à Paris. Deux mois après avoir obtenu son titre, il était avec une bourse de recherche à l’Université de Bénarès. Il a pris goût à l’Inde et y vit depuis vingt ans. Il y suit un enseignement traditionnel dans la lignée de Mâ Anandamayî et ne se définit pas comme enseignant de quoi que ce soit, mais comme apprenti-disciple.

  • Actuellement, il partage son temps entre un ashram sur les bords du Gange et un ermitage en Himalaya, avec des travaux d’écritures et parfois l’accompagnement d’un voyage-pèlerinage.
  • Il est particulièrement attentif à établir dans ses écrits des ponts entre la psychologie moderne et la spiritualité, et entre les pratiques de sagesse de l’Inde et le christianisme.Voici quelques extraits qui m’ont intéressée :

Chaque science a besoin de son instrument propre, adapté, pour mieux observer, comprendre…
Le microscope est nécessaire à la science de la biologie.
Le télescope reste indispensable à l’astronomie.
La concentration est l’instrument adapté à la science intérieure.
Se concentrer sur ses sensations permet de « grossir » la sensation, pour mieux l’observer et en réfléchissant, on peut mieux comprendre son fonctionnement.
C’est l’objet du yoga depuis 3000 ans.

« Du silence provient l’égo,
de l’égo provient la pensée
de la pensée provient la parole.
C’est pour cela que le silence est largement plus puissant que la parole. »
Ramana Maharshi
(Ramana Maharshi est un des maîtres de l’Advaita vedanta né le 30 décembre 1879 et mort le 14 avril 1950.
Son enseignement est essentiellement centré sur le Soi et la question « Qui suis-je ? ».
Il est considéré comme l’un des grands maîtres traditionnels de cette école philosophique du Vedanta.) http://www.sriramanamaharshi.org/fr/
  • Dans la classification américaine des maladie mentales (DSM III) qui se veut exhaustive, tous les troubles psychiques sont numérotés….sauf la « normose« ….j’aurais tendance à lui donner le premier numéro…
  • La psychiatrie moderne se base sur la pathologie et se fixe pour but un retour à la normalité, c’est à dire rentrer dans la moyenne.
  • La psychiatrie traditionnelle est fondée sur une idée évolutive de l’être humain, menant à l’être parfait qui porte divers noms, selon les traditions. (pour le christianisme, c’est le saint.)
  • Mon hypothèse de départ, est qu’il y a autant de différence entre le sujet pathologique et le sujet normal, qu’entre le sujet normal et l’homme « parfait », défini dans toutes les traditions.
  • « La sagesse des hommes est folie devant Dieu » (St Paul)
  • La véritable maladie du « normosé« , c’est son absence de désir d’évoluer. La première fonction d’un maître spirituel est de réveiller et renforcer ce désir. (cf « Le maître et le thérapeute » Jacques Vigne, Albin Michel, 1991)
  • Le maître est la clé de voûte de l’édifice de la psychologie spirituelle, il indique la voie du milieu.
  • Si l’on recherche une normalité parfaite, d’après des critères purement psychologiques, on risque de rentrer dans un jeu indéfini de va et vient, entre paires d’opposés : si l’on est étiqueté trop expansif, hystérique, on deviendra trop renfermé, obsessionnel…
  • La sagesse dans les méthodes orientales vise à calmer le mental, arrêter ce va et vient incessant, aller au-delà des paires opposées.
  • Pourquoi ne pas inclure, dès le départ, des dimensions d’altruisme, de compassion, et de transcendance qui caractérisent une voie spirituelle par rapport à une thérapie ?
  •  Face à la dépression ou la frustration, on peut évoluer différemment :
  •  L’évolution descendante : s’enfoncer dans ses regrets. L’évolution circulaire : remplacer ses béquilles perdues par d’autres.
  • L’évolution ascendante : accepter le deuil, voir le vide qu’il créé, comme une fenêtre qui s’ouvre vers l’absolu, transformer la béance noire de la dépression en vacuité lumineuse de libération.
  •  La vacuité n’est pas le vide, mais un réservoir de potentialités, de plénitudes, d’absolu.
  • La vacuité, c’est l’absence de formes.
  • Pour le bouddhisme Mahâyâna, (Mahāyāna est un terme sanscrit ( महायान ) signifiant « grand véhicule » (chinois : 大乘, dàchéng ; japonais : 大乗, daijō ; vietnamien : Đại Thừa ; coréen : 대승, dae-seung).
  • Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère commune dans le Nord de l’Inde et dans l’Empire kouchan, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient.
  • Le Vajrayāna, sa forme tantrique, apparaît en Inde avant le IVe siècle, pénètre au Tibet entre le VIIe siècle et le VIIIe siècle, puis en Mongolie, et, via la Chine où il laisse peu d’influences, en Corée et au Japon à partir du VIIIe siècle.) une idée fondamentale consiste à voir le vide dans la forme, et la forme dans le vide.
  • En s’installant dans un état sans limite, il éprouve le bonheur sans objet.
  • Pour la  personne déprimée, le vide des formes est une fin.
  • Pour le méditant, le vide, c’est le chemin vers la lumière, la félicité.
  •  Pour la personne déprimée, cette vision est automatique.
  •  Pour le méditant, c’est le résultat d’un effort de compréhension du fonctionnement de l’esprit, c’est un travail.
  •  « Si l’on n’a pas d’abord appréhendé le phénomène construit par l’esprit, sa non existence ne peut être établie. » Dalaï Lama
  •  Le sage est un enfant, mais sans les germes de l’égo. C’est un enfant, au sens étymologique du terme : in-fans, qui ne parle pas.
  • Le sage développe l’art de la communication sans parole.
  • Sage est de la même racine que « savoir » et « sévère ». Est sage celui qui sait savourer la sève du vrai savoir. Au fond de chaque adulte, il y a un enfant qui a peur.
  • Le sage redevient enfant, mais avec la peur en moins.
  •  Une bonne définition de la spiritualité serait : « Guérir en nous l’enfant qui a peur. »
  • S’engager dans la voie spirituelle, c’est « rentrer dans le fleuve pour retourner à la mer dont il est issu ». (Bouddhisme).
  • « Ici est maintenant continent l’éternité »
  •  « Méditer, c’est étudier l’égo, étudier l’égo, c’est l’abandonner » maître Zen Dôgen ( Le maître zen Eihei Dôgen (1200-1253), le fondateur de l’école japonaise sôtô, passe pour l’un des grands penseurs bouddhistes)
  • L’abandonner, c’est à dire s’en désidentifier, est un facteur essentiel de conscience. La désidentification du corps permet d’ébranler la base de l’égoïsme, de la colère, et de l’égo.
  • 13612778 (1)La base de l’égo est la sensation qu’on a de son corps, à chaque instant; pratiquer cette méditation intensive de désidentification nécessite la présence d’un maître, car il y a risque de morcellement psychotique.
  • On a guéri la peur viscérale de la dislocation quand on a réalisé que, lorsque le corps part en morceaux, l’espace entre les morceaux est aussi soi-même.
  • C’est le moyen indien pour se débarrasser du « noyau psychotique » enfoui dans notre inconscient.
  • « Le corps est comme le papier qui entoure un cadeau, il faut le déplier délicatement pour ne pas le déchirer »
  • Mâ Anandamayî  ( https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A2_Ananda_Moy%C3%AE, Considérée comme la plus grande sainte de l’Inde du XXe siècle, Ma Anandamayi, dont le nom peut se traduire par « entièrement imprégnée par la joie », était une femme extraordinaire, une mystique se situant hors de tout dogme, vénérée par des foules de toutes religions et d’une liberté infinie. 1896-1982)