Pensées pour moi-même, Marc AURELE

MARC AURELE, pensées pour moi-même,

Suivi du MANUEL D’EPICTETE

GF Flammarion, 1964

 

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Marc Aurèle, empereur, est plus préoccupé de traiter les hommes selon leur valeur, leur mérite, que selon leur naissance. Marc Aurèle naquit à Rome le 26 AVRIL 121, malingre, il suivit son éducation dans la maison natale, éducation du corps et de l’esprit. Élève des stoïciens, l’originalité de cet homme provient de la façon dont il mit la morale stoïcienne en application.

Le Tout est régit par un déterminisme absolu, mais non aveugle, une volonté primitive, constante, réfléchie et sage. C’est le Cosmos. Cette Raison souveraine est la bienveillante Providence. L’homme est une parcelle organisée du grand Tout.

  • L’âme distinguera les choses « qui sont en notre pouvoir » et les choses « qui ne sont pas en notre pourvoir. »
  • L’âme ne distinguera que la vertu, bien pour elle (l’âme), non pour le corps. Elle redoutera le vice maximal pour elle, non pour le corps. L’âme restera indifférente au reste : la vie, la mort, le plaisir, la douleur, la gloire, l’infamie. Chacun ne vit que le moment présent, et que ce moment ne dure qu’un instant ; le reste, il a été vécu ou est dans l’incertain. Petit est donc le temps que chacun vit. (X, Livre III)
  • Accorde-toi donc sans cesse cette retraite et renouvelle-toi.
  • 2999620329_1_5_O2pQYoRxTu as subsisté comme partie du Tout. Tu disparaîtras dans ce qui t’a produit, ou plutôt tu seras repris, par transformation, dans sa raison génératrice. (XIV Livre IV)
  • Toujours considérer les choses humaines comme éphémères et sans valeur…Passer cet infime moment de la durée conformément à la nature, finir avec sérénité, comme une olive qui, parvenue à maturité, tomberait en bénissant la terre qui l’a portée, en rendant grâce à l’arbre qui l’a produite.

(XLVII, Livre IV)

  • tempete_bayonne_09-12-07-1590353Ressembler au promontoire contre lequel incessamment se brisent les flots. Lui, reste debout et, autour de lui, viennent s’assoupir les gonflements de l’onde…  «Bienheureux que je suis, puisque telle chose m’étant arrivée, je persiste à être exempt de chagrin, sans être brisé par le présent, ni effrayé par ce qui doit venir. En tout événement qui te porte au chagrin, use de ce principe :

« Ceci n’est pas un revers, mais un bonheur que de noblement le supporter. »

(XLIX, Livre IV)

  • Si nous jugeons seules comme des biens et des maux, les choses qui dépendent de nous, il ne nous reste plus aucune raison d’accuser Dieu et de nous tenir en face de l’homme, en position de guerre. (XLI, Livre VI)
  • Qu’est-ce que le vice ?

C’est une chose que tu as vue souvent.

Au sujet de tout ce qui arrive, aie cette pensée, à ta portée : « C’est une chose que tu as vue souvent. Rien de nouveau, tout est à la fois coutumier et de courte durée. » (I livre VII)

  • Tout ce qui matériel s’évanouit bien vite dans la substance du Tout ; toute cause est bien vite reprise dans la substance du Tout ; tout souvenir est bien vite ensevelit dans le temps ! (X, Livre VII)
  • Craint-on la transformation ? Mais sans transformation, que peut-il se produire ? Qu’y a-t-il de plus cher et de plus familier à la nature universelle ? Peux-tu prendre un bain chaud si le bois ne subit aucune transformation. Ta propre transformation est un fait pareil, et pareillement nécessaire à la nature universelle. (XVIII, Livre VII)

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  • Tout ce que tu vois, autant que cela ne l’est pas encore, la nature qui gouverne le Tout, va le transformer. De la substance de ces choses, elle fera d’autres choses, et de la substance de celles-ci, d’autres encore, afin que le monde soit toujours nouveau. (XXV, Livre VII)

 

 

  • images (4)Dans les grandes douleurs, aie recours à cette maxime Épicure :

« la douleur n’est ni tolérable, ni éternelle, si tu te souviens de ses limites, et si tu ne rajoutes rien par l’opinion que tu t’en fais. »

  • Si un de ces maux, somnolence, grande chaleur.. te chagrine, dis-toi que tu cèdes à la douleur. » (LXIV, Livre VII)

 

fe4da978f4181fa3ebb4b195a8418cfaC’est une citadelle que l’intelligence libérée des passions. L’homme n’a pas de position plus solide où se réfugier et de rester désormais imprenable. Qui ne l’a point découverte est un ignorant, et qui l’a découverte, sans s’y réfugier est un malheureux. (XLVIII, Livre VII)

 

 

Ne passe pas ta vie dans les tracas : ils tuent, ils dépècent, ils poursuivent sous les malédictions ! En quoi tout ceci peut empêcher ta pensée d’être pure, sage, modérée, juste ? C’est comme si quelqu’un, passant à côté d’une source claire et douce, l’injuriait. Elle ne cessera jamais de faire jaillir une eau bonne à boire. (LI, Livre VII)

  • SOLLe soleil se répand partout et ne tarit pas. Cette diffusion est une extension…Le rayon s’étend en ligne droite et se plaque en quelque sorte sur le solide qu’elle rencontre…c’est là qu’il s’arrête, sans glisser, sans tomber, c’est ainsi que l’intelligence doit se répandre et s’épancher, sans se tarir, mais en s’étendant, sans venir heurter avec violence et impétuosité contre les obstacles qu’elle rencontre, sans tomber, sans s’arrêter sur l’objet qui la reçoit, et l’éclairer. L’objet, en effet qui ne la recevrait point, se priverait lui-même de sa clarté. (LVII, Livre VII).
  • Ne méprise pas la mort, mais fais-lui bon accueil, comme étant une des choses voulues par la nature….toutes les activités naturelles qu’amènent les saisons de ta vie, telle est aussi ta propre dissolution. Il est donc d’un homme réfléchi… d’attendre (la mort) comme une action naturelle…l’heure où ton âme se détachera de son enveloppe. (III, Livre IX)
  • A la nature qui donne et reprend tout, l’homme instruit et modeste dit :

« Donne ce que tu veux…reprends ce que tu veux »

          par obéissance et condescendance pour la nature. (XIV, Livre X)

  • ….La bienveillance est invincible : « non, mon enfant, nous sommes nés pour autre chose. Ce n’est pas à moi que tu feras du mal, c’est à toi-même que tu feras du mal, mon enfant. » Montre-lui que ni les abeilles, ni aucun autre des animaux nés pour vivre en troupeaux n’agit comme lui. Il lui faut donner cette leçon sans ironie, sans acrimonie, mais affectueusement et sans rancune au fond de l’âme, …..ni pour te faire admirer d’un témoin, adresse-toi à lui seul, même s’il y a des gens qui soient autour.(XVII, Livre XI)
  • Raisin vert, mûr, sec, tout est changement, non pour ne plus être, mais pour devenir ce qui ne vit pas encore. (XXXV, Livre XI)
  • TROIS choses te composent : le corps, le souffle, l’intelligence. Tu dois prendre soins des deux premières. La troisième est proprement tienne. 567884d6894d4d21fe8bc12bf45a5179
  • Si tu bannis de ta pensée, c’est-à-dire de toi-même, tout ce qui, indépendamment de ta volonté, affranchi de tout ce qui dépend du destin, appartient au corps qui t’enveloppe, ou au souffle qui t’accompagne…si tu bannis de ce principe intérieur tout ce qui provient de la passion, tout ce qui est avant ou après le moment présent, comme dit Empédocle, tu fais de toi-même
    « une sphère parfaite, heureuse de sa stable rotondité.»
  • (III, Livre XII)

 

La cessation de la vie n’est donc pas un mal pour un individu, puisqu’elle échappe à sa volonté et ne nuit pas à la communauté. C’est au contraire un bien puisqu’elle est opportune, avantageuse au Tout, et conforme au mouvement général. (XXII, Livre XII)

 

epictete EPICTETE, né en Phrygie, vers l’an 5O avant notre ère, est un esclave affranchi de Néron, il devient professeur de philosophie stoïcienne. Il n’écrivit rien, c’est son disciple, Flavius ARRIEN qui rédigea des notes prises en écoutant le maître : Le Manuel d’Epictète.

Les chrétiens l’adaptèrent (St Nil, disciple de St Jean) pour la vie des ermites du Mont Sinaï, et la règle de St Benoît.

Le penseur, Pascal fut impressionné par ce livre.

  • Si tu désires quelques unes des choses qui ne dépendent pas de nous nécessairement, tu seras malheureux. (II)

estime-de-soiCe qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses mais les jugements qu’ils portent sur les choses…lorsque nous sommes traversés, troublés, chagrinés, ne nous en prenons jamais à un autre, mais à nous-mêmes, c’est-à-dire à nos jugements propres.

 

 

Accuser un autre de ses malheurs est le fait d’un ignorant ;

s’en prendre à soi-même est d’un homme qui commence à s’instruire ;

n’en accuser ni un autre, ni soi-même est d’un homme parfaitement instruit. (V)

  • Ne dit jamais de quoi que ce soit « je l’ai perdu », mais « je l’ai rendu ».

Ton enfant est mort, il est rendu, ta femme est morte, elle est rendue, mon bien m’a été ravi. Et bien, il est aussi rendu. Que t’importe par qui celui qui te l’avait donné te le soit réclamé ? Tant qu’il te le laisse, jouis-en comme d’un bien étranger, comme les passants d’une hôtellerie. (XI)

  • Si tu veux que ta femme, tes enfants vivent toujours, tu es un sot, tu veux, en effet, que ce qui ne dépend pas de toi, en dépende, et que ce qui est à autrui soit à toi…Applique-toi donc à ce que tu peux. (XIV)
  • Tout est de bon augure, si je le veux, car quoi que soit ce qui arrive, il dépend de moi d’en tirer avantage. (XVIII)
  • De tels raisonnements ne sont pas cohérents : « je suis plus riche que toi, donc je te suis supérieur. Je suis plus éloquent que toi, donc je te suis supérieur. »
  • Mais ceux-ci sont cohérents : « je suis pus riche que toi, donc ma richesse est supérieure à la tienne. Je suis plus éloquent que toi, donc mon éloquence est supérieure à la tienne. »
  • Mais, tu n’es toi-même, ni richesse, ni éloquence. (XLIV)

Stoïcisme : Le stoïcisme, courant philosophique grec et romain, est né au IVè siècle avant JC avec

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Zénon de Citium, entre -304 et -301 à Athène,  le stoïcisme se développa jusqu’à la fin du IIIème siècle après JC.

Les postulats sont à la base des thérapies cognitivo-comportementales modernes.