Regards croisés sur l’Adolescence…. Rufo, Choquet

Regard croisés sur l’adolescence,

son évolution, sa diversité

Professeur Marcel RUFO, Marie CHOQUET Anne Carrière, 2007

La violence dans les familles est comparable aux crises d’épilepsie qui coupent le temps vécu. La violence tue le temps parce qu’elle marque tellement un événement fort et agressif, qu’elle élimine le passé, pour repartir toujours vers un présent chaotique..

La violence est un trouble du temps vécu, trouble où le temps n’est plus maîtrisé.
La sérénité, la mansuétude sont le signe qu’on avance dans le temps.
Dans les séparations, les enfants vont toujours vers le parent le plus fragile, pour le protéger, par peur d’être responsable du déraillement du fragile.
Aller vers le plus fragile, c’est éviter de se sentir coupable. Protéger l’image du fragile, c’est protéger son propre socle identificatoire
Les troubles agissent en spirale : la violence subie augmente le risque de la violence agie, qui augmente le risque de la violence subie….l’évolution n’est pas linéaire… Les élèves ayant subi des violences sont entre 5 et 19 fois plus nombreux à être violents que les non-victimes.
Les élèves violents sont 5 à 19 fois plus nombreux à avoir subi des violences, preuve qu’il s’agit d’une liaison en spirale, qui, à elle seule, explique les conduites violentes à l’école.
Les autres facteurs, sociaux et familiaux, se révèlent mineurs. 44% des filles ont fait une Tentative de Suicide (TS) dans leur vie, 50% des premières TS récidivent, et donc, 50 % ne récidivent pas.
Si les parents, les frères ou les sœurs n’arrivent pas à en vouloir au suicidé, pour l’agressivité de son geste, ils ne se sortiront jamais de leur deuil, le deuil sera impossible.
Il n’y a jamais UNE violence, elle est PLURIELLE. La pornographie est de l’ordre de la violence subie, faite aux jeunes, un amour qui serait une consommation organique, bestiale.
Face à la délinquance, on peut se demander où sont les parents ? Où se trouve l’interdit des parents ?
« Il y a des frustrations nécessaires pour évoluer » Anna Freud. La loi c’est d’abord la famille, les parents ont la responsabilité civile de leur enfant. Les jeunes qui pratiquent plus de huit heures de sport par semaine, sont en risque de conduites violentes.
Pourquoi brûler des voitures ? Brûler les voitures des voisins, des proches, pour exprimer son désaccord avec son entourage. Les jeunes ne veulent plus habiter la banlieue, ils lui en veulent à cette banlieue, alors ils la crament.
Filles et garçons expriment leur malaise de façon différente : pour les filles, les troubles seront d’ordre corporel, en souffrance. Pour les garçons, cela passera par une mise en acte (acting out), conduites à risque.
Les garçons ne sont pas assez « psychologisés », leur troubles perdurent, se chronicisent, pour les conduire vers la délinquance. 20% ds prisonniers relèvent de la psychiatrie lourde. Le constat est terrible :
pour les filles, il y aura PREVENTION
pour les garçons, il y aura REPRESSION.
Il manque bien des structures adaptées aux garçons ! Il y a un décalage entre les adultes et les jeunes. Les adultes s’inquiètent pour la santé physique des jeunes. Les jeunes sont préoccupés par des problèmes psychologiques.
Pour l’adulte, les problèmes sont individuels, alors que pour les jeunes, les troubles sont liés au groupe, dont il font partie intégrante. L’adolescence est l’âge des tempêtes, la tourmente ne dure jamais. Le vent finit toujours par tomber. A l’Adulte, de ne pas avoir peur et de conduire le bateau à bon port.
L’ANTICIPATION est primordiale : penser, en commun, le futur avec les autres. Le psychiatre est là pour donner du sens, être compréhensible.
Il y eut un passage entre la « neutralité bienveillante » du thérapeute à « l’empathie sensible ». Aider les parents est indispensable. Il n’y a pas de bon ou de mauvais parent. Il n’y a que des parents moyens, qu’on idéalisera tout au long de sa vie !