Résiliences et interactions précoces, Conférence Boris Cyrulnick

RESILIENCE ET INTERACTIONS PRECOCES

BORIS CYRULNICK

  • traumatisme-psychiqueLa Résilience est une théorie anti-destin, résilie un contrat avec le passé, fin de soumission.
  • La Résilience consiste à suturer, recoudre les parties du MOI déchirées par un Traumatisme (« Je ne sais plus qui je suis », « J’ai été mort »). C’est un processus, ce n’est pas un état, ce n’est pas figé, c’est une négociation constante entre le blessé, sa culture et l’entourage. On ne peut parler de Résilience que si l’on a été déjà mort.
  • A traumatismes égaux, les réactions ne le sont pas, nous ne sommes pas égaux face à la résilience. Il n’y a pouvoir de renaissance que s’il y a des tuteurs le permettant.
  • La parole apparaît entre le 20ème et le 30ème mois, c’est un facteur essentiel de la Résilience.
  • Tout « évidence » n’est que le résultat de pensée d’une génération, rien n’est évident.
  • Un traumatisme psychologique est réel, sa représentation mentale ne l’est pas ; il n’y a pas de causalité mécanique.
  • Lors de la première guerre mondiale, aux soldats traumatisés par la bataille, on émettait l’hypothèse du cerveau ébranlé par le vent du boulet, or les neurologues ont démontré l’erreur de ce diagnostique : le départ psychologique est né de là.

2 coups = 1 trauma.Un événement arrive dans le réel, et dans la représentation du réel.

 TraumaIl y a traumatisme si et seulement si

il y a un événement

et

sa représentation dans le réel (l’empreinte du réel)

 

  • Le réel  et la biologie périphérique (soins, nourriture, attentions…) façonnent le bébé.
  • La Résilience est possible s’il y a des

ressources internes (le corps, la biologie périphérique)

 et externes (parole, structure familiale, culture)

 

  • Il y a possibilité de Résilience si le blessé reprend un type de développement, s’il ne se soumet pas à sa blessure.
  • Une épreuve = je reste moi-même, même si je souffre.
  • Un traumatisme = je ne reste plus moi-même.
  • Le traumatisme chez des bébés sans parole = (anaclitique)

Protestation

Désespoir

Indifférence

Mort

  • Il est difficile de parler de Résilience, cela dépend des empreintes du bébé reçues à la fin de la grossesse et du début de sa vie.
  • Le traumatisme chasse le traumatisé de l’humanité, seul désir, redevenir comme avant.
  • Une privation précoce et durable d’étayage, de relation, d’amour chez le nourrisson, entraîne une malformation biologique et la mort.(œdème de carence, anaclitique)
  • L’idée que je me fais de l’autre, façonne l’autre. D’où l’importance de l’affection.
  • En France, la vie psychique du bébé commence à la naissance, heureusement dans beaucoup d’autres pays, elle commence AVANT…
  • 33665_foetusLe liquide amniotique est un filtre entre la mère et son bébé. Ce filtre laisse passer les informations.
  • A mère stressée, 1/3 des fœtus seront stressés.
  • La mère ressent une émotion, quelle qu’elle soit, le bébé goûte l’émotion par le liquide amniotique.
  • Les bébés avant de naître ont acquis des expériences, façonnées par la mère. Le premier jour de vie n’est pas le premier jour d’expérience sensorielle.

La mère vit dans le monde, se représente mentalement le monde qu’elle perçoit par ses sens, cette représentations du monde est médiatisée par des molécules qui sont bues par le fœtus, en fin de grosse.

  • D’où l’importance de la détente, le relaxation, bien être…pour étayer, renforcer le bébé.

La parole est un acte sensoriel, perçu par le fœtus. Il possède une mémoire à court terme, il y a un apprentissage intra utérin possible avec possibilité de « rappel » après la naissance.

  • Une musique entendue par le fœtus, associée avec une sensation de détente de la mère pourra être « utilisée » après la naissance, et avoir un effet calmant sur le bébé, en rappel de sa mémoire à court terme.
  • Dans le monde mental de la mère, la mémoire est historisée, elle se dit, se raconte, mise en mots, fait sens…la mémoire à court terme du fœtus participe à cette mémoire, la fait sienne, se l’approprie.
  • A sa venue au monde, le bébé entre dans un monde sensoriel historisé, tout fait sens : le toiletter comme-ça, fait sens, le porter comme-ceci fait sens, « ça veut dire… », quelque chose de propre à chaque famille, culture…
  • Dans l’utérus (l’odeur et le goût sont mélangés), il y des capteurs hydrophoniques, le bébé capte les vibrations par ses mains et sa bouche, en parlant à son bébé, dans son ventre, la mère lui envoie comme des caresses qu’il capte avec les mains et la bouche. L’enfant tète et touche avec ses mains et sa bouche, il goûte, déglutit le liquide amniotique.
  • La parole vient vibrer à la bouche, il apprend un rythme sonore. Dans l’heure de sa naissance, le bébé acquiert une reconnaissance sonore préférentielle, il reconnaît la voix de sa mère.
  • Les basses fréquences sont très bien transmises et perçues. Les basses fréquences sont celles de l’érotisme, de la caresse…mémoire à long terme chez l’adulte…
  • Pour prendre ma place dans le monde, il me faut un autre qui fasse sens de ce que je fais.
  • « Je est un autre » disait Rimbaud, il n’avait pas tort, sans l’autre, je ne peux pas exister.

LienEnfant-michelangelo-1080x380Il y différents types d’attachement, acquis chez l’enfant de 10/12 mois

  1. Un attachement « sécure » : l’enfant est épanoui, souriant…( pour ces enfants, la première relation amoureuse, même si elle est un échec, ne sera pas vécue comme la fin du monde)
  2. Un attachement « évitant » : l’enfant est glacé, indifférent, sa mère est déprimée, elle-même déprimée.
  3. Un attachement ambivalent, la mère ne donne pas la confiance primitive à son enfant, « quand elle part, je souffre, je crie, je pleure, quand elle revient, je la tape, je la punis ». L’enfant ne sait pas aimer de façon sécure.
  4. Un attachement de détresse, confus.

Un petit enfant, sans langage, qui pointe du doigt, parlera. Avant le langage, l’enfant a compris que ce geste sémiotique sert à la communication, lui permet d’obtenir ce qu’il désire, avant la parole.

Bon prédicateur de langage :

Soutenir le regard

Faire semblant (jeux symboliques)

pointage

  • C’est l’enfant qui attribue à l’adulte le pouvoir de Résilience.
  • Les enfants qui sont aidés, reçoivent de l’aide, la résilience peut proposer à l’enfant de donner, qu’il apprenne à donner plutôt que de toujours recevoir.
  • La psychologie ne peut avoir un raisonnement linéaire : 1 cause = 1 effet
  • Le raisonnement scientifique analyse une constellation de déterminants, de causes (père, mère, frère, sœur, culture, région, pays, quartier), pour 1 effet :
  • des causes = 1 effet

67627690

Chaque déterminant est un tuteur possible,

si une étoile de la constellation disparaît,

il reste d’autres étoiles..

 

 

  • Jusqu’à 6 ans, la relation à la mère est première, après 6 ans, la relation à l’Autre que la mère est indispensable pour une bonne santé mentale.
  • « La prophétie créé ce qu’elle craint »
  • « Si on croit que les enfants sont foutus, ils seront foutus »
  • La mémoire palimpseste (parchemin manuscrit, dont on a effacé la première écriture, pour pouvoir écrire un nouveau texte). Un événement traumatique peut être « zapé » par la mémoire, et resurgir, plus tard, tel un palimpseste, alors qu’on avait «  oublié », voire nié l’événement traumatique…
  • 5% des enfants maltraités deviendront des adultes mal traitants et pas plus !

MEMOIRE :

  • Il y a différents niveaux de mémoire : la mémoire biologique, des mots, sociale, des images…
  • Il n’y a pas de période sensible, critique, comme chez les animaux, pour apprendre, malgré tout, de façon indéniable, il est plus facile à apprendre en début de vie.
  • Ce n’est qu’à 4 ans que l’enfant peut se décentrer de lui-même pour se représenter de façon mentale, le monde de l’autre. Il ne peut le faire que si il n’a pas eu de graves carences affectives.
  • Dès le 2ème mois de vie, le bébé reconnaît visuellement sa mère, le père ce n’est que vers le 3ème, ou 4ème mois.
  • quel-pereLa fonction paternelle permet de libérer l’enfant de l’emprise maternelle, sinon, l’enfant restera prisonnier de sa mère et, à l’adolescence, il ne pourra se séparer d’elle qu’à travers la violence et la haine.
  • Si le père ne remplit pas cette fonction, un tiers peut très bien le faire. L’enfant doit comprendre et accepter que la mère est, pour lui un objet sexué, mais pas sexuelle, il ne peut pas la désirer sexuellement, TABOU.

Parler à un enfant sans langage,

c’est agir sur son monde mental