SAGESSE DE CONFUCIUS, Cyrille J.D Javary, 2016
SAGESSE DE CONFUCIUS :
Cyrille J-D JAVARY, EYROLLES, 2016
- Le nom de Confucius n’est pas un nom chinois. Créé par des missionnaires jésuites du XVIIème siècle qui ont latinisé : fûzî, « le maître accompli » avec son nom de famille Kông. En chinois, le titre suit toujours le patronyme : kông fûzî, devient Confucius. Pour le nommer, en Chine, on n’utilise que l’appellation de simple politesse : kông zî, « maître kong ».
- Les Jésuites ne s’intéressent à Confucius que par tactique, pour utiliser sa pensée, pour les aider à diffuser leurs propres convictions religieuses, auprès des chinois.
- Né en -551 et mort en -479, c’est à peu près tout ce dont on sait de lui. La foule d’informations dont on dispose proviennent aussi bien de la légende que de l‘histoire entremêlées et enseignées depuis suffisamment longtemps pour avoir la même importance.
- La civilisation chinoise se perçoit comme un fossile vivant.
Fossile parce que ses racines remontent au temps de la préhistoire (Teilhard de Chardin a découvert « L’homme de Pékin, qui vivait il y a 50 000 ans !)
Vivant parce que les figures légendaires qui l’enracinent dans son sol, sont toujours présentes. Sa continuité sur un même territoire : la civilisation chinoise est la seule qui habite depuis toujours dans le pays où elle est née, le bassin du fleuve Jaune. Les chinois y cultivent des céréales depuis ….huit à dix mille ans !
- En 2014, on a fêté dans la ville natale de Confucius, le 2566ème anniversaire de sa naissance !
Confucius était de noble ascendance, le clan des Kong, apparenté à l’ancienne dynastie des Shang (du XVIème au XIème siècle avant notre ère.)
- Sa famille était ruinée, ne possédait d’autre statut social que celui des gens instruits. Cela peut éclairer l’assise de son enseignement : la valeur humaine prévaut sur l’origine sociale. Élevé seul par sa mère que son père n’a pas eu le temps d’épouser, ils avaient une différence d’âge de 50 ans.
- Socrate (né vers –470/469, mort en –399), quasi contemporain de Confucius, partage avec lui « la conduite et l’expérience morale ».
- Confucius et Laozi (Lao Tseu), se rencontrèrent, bien que ce dernier n’ait aucune réalité historique. C’est la rivalité qui scelle ces deux courants :
- Le confucéen, légitimiste, au service de l’Empire.
- Le taoïste, anarchique, qui se montrera rétif à toute forme d’organisation sociale, jusqu’à ce que, pour contrer la montée du bouddhisme, il finisse par s’organiser en divers mouvements sectaires et religieux.
- La durée du deuil parental est de 27 mois, c’est la somme des 9 mois de gestation auxquels on ajoute les 18 mois durant lesquels l’enfant est totalement dépendant de ses parents. L’enfant, devenu adulte consacre au souvenir des ses géniteurs une durée équivalente à celle que ceux-ci lui avaient consacrée lors de sa naissance.
- Confucius porta le deuil de sa mère 27 mois.
- -521, il ouvre son école, pour cela, il quitte la sécurité de son travail de fonctionnaire. Sa démarche est révolutionnaire, car son école est ouverte à TOUS, pas seulement aux riches. A cette époque féodale, cette école privée va faire éclore, en Chine, une nouvelle classe sociale : « les lettrés », qui administrent la Chine, durant toute la durée de l’Empire.
- -500 Confucius devient ministre de la justice, il a 54 ans.
- -497, il démissionne et voyage.
- A 67 ans, il reprend l’enseignement avec des jeunes disciples de 20 à 30 ans, qui seront formés par les anciens disciples, ceux de la première génération.
- -483, Confucius devient grand-père : Zisi.
- -479, Confucius meurt à 72 ans.
- Voilà un portrait psychologique : « C’est un homme dont l’ardeur d’apprendre, l’enthousiasme pour l’étude peut lui faire oublier de manger, et qui, dans sa joie de réussir (à agir avec justesse), en arrive à oublier l’inquiétude, même à l’âge où l’on sent la vieillesse approcher. » (Entretiens 7/9).
- Confucius ne parle pas de lui, mais de l’ardeur qui l’anime.
- Le plus vaste et le plus ancien cimetière privé du monde, cimetière vivant, 200 ha, 200 000 tombes, 130 000 tombes de la famille Kong, épouses et descendants du maître. Cimetière nommé : la forêt des KONG, c’est-à-dire la multitude.
- Socrate, quasi contemporain de Confucius, signait de nombreux textes, alors qu’il fallait attendre la mort de Confucius et le travail de ses disciples « les Entretiens » qui parcourent la Chine et questionnent tous ceux qui l’ont connu. La somme de ces témoignages formera « les Entretiens ».
- Les propos de Confucius sont incitatifs. Il ne répond pas à des questions mais induit une réponse, dans le but de déclencher une réflexion chez son interlocuteur. Il apprend à réfléchir par soi-même. Il apprend à ses élèves à réfléchir par soi même, à trouver en leur for-intérieur, l’attitude appropriée même dans des circonstances inédites. Ses réponses, au lieu de clore, ouvrent le chemin.
« Etudier, c’est avancer, ce n’est pas atteindre. »
- L’axiome fondateur de la pensée de Confucius : APPRENDRE.
- Originellement, ni bon, ni mauvais, l’être humain est fondamentalement perfectible. La mesure de la qualité humaine d’une personne se lit à son désir de s’améliorer.
- Apprendre, en chinois, c’est apprendre à faire. Par imitation, par répétition pour qu’enfin, ce qui était extérieur à nous devienne partie intégrante de soi-même.
- Les phrases de Confucius sont comme le thé, pour être savourées, elles doivent « infuser ».
- Le taoïsme est une école de pensée centrée sur la notion de tao.
- L’idéogramme « dao » recouvre des significations assez diverses. Fondamentalement, il désigne le fonctionnement des choses.
- Dans « Le Grand Commentaire» qui regroupe les 5ème et 6ème chapitres des Commentaires Canoniques du Yi Jing, dont la rédaction sera, sous les Han, attribuée à Confucius, c’est la première fois qu’apparaissent les mots Yin et Yang, dans leur sens philosophique :
« un Yin un Yang, cet ensemble est appelé fonctionnement (dao). »
- Le premier sens usuel de Dao est trivial, il signifie, voie, chemin, lit d’un fleuve.
- Le second niveau est plus social : dire exprimer, parler.
« Voie qu’on énonce n’est pas la Voie
Nom qu’on prononce n’est pas le nom. »
(Dao De Jing)
- La différence entre les deux doctrines, taoïsme et confucianisme, ne viendra pas de divergences à propos du Dao, mais de la conduite à tenir à son égard.
« L’être humain possède la capacité de développer la voie,
Ce n’est pas la voie qui développe l’être humain. »(Entretiens, 15/29).
- On trouve dans le Dao De Jing des attaques directes contre les principes confucéens :
« Etudier (le premier mot des Entretiens) chaque jour un peu plus
Suivre le Dao, chaque jour un peu moins. »
Les continuateurs :
- MENGZI, premier grand continuateur de Confucius, -380 à -301:
Le Ciel ne désigne aucunement une entité divine créatrice du monde, mais simplement le régulateur impersonnel qui assure la bonne marche des saisons et la paix des royaumes. Le peuple constitue « les oreilles et les yeux du ciel. »
« Le peuple est au souverain ce que l’eau est au bateau.
L’eau porte le bateau mais si l’eau est en colère,
elle se soulève et renverse le bateau. »
- XUNZI, -300 à -215 :
En vrai confucéen, il pense que rien n’est joué d’avance. Puisque chacun est responsable de ce qu’il fait de son destin, tous peuvent, et doivent, « apprendre » de manière à tendre vers le bien.
- -221 , l’Etat de Qin conquiert un par un les différents « Royaumes Combattants » qui constituaient la Chine de Confucius. Le roi Zeng, son souverain, se pare d’un titre à la mesure de son pouvoir : empereur de Chine, Premier Auguste souverain (du pays) de Qin. Le nom de son état d’origine deviendra « Chine », le nom que les peuples d’Asie et d’Europe donneront à son Empire. Il détestait les confucéens qui l’insupportaient par leurs critiques incessantes de sa brutalité et leur refus de le servir.
- Après avoir normalisé tout ce qui était disparates dans les anciens Royaumes, sa perfidie, sous couvert d’harmoniser la graphie, ordonna de détruire les écrits aux graphies proscrites. Seuls les livres jugés idéologiquement conformes seraient recopiés.
- Ordonné en -213, ordre fut donné de brûler les livres et d’enterrer les lettrés. Tous les lettrés devaient remettre leurs écrits, sous peine de mort. Heureusement, dès le début de la dynastie suivante, la quasi-totalité des textes confucéens purent être reconstitués.
- La dynastie des Han, -206/220, comprit que le confucianisme, en mettant l’accent sur l’obéissance du peuple envers les souverain, pourrait être plus utile à la stabilité politique et sociale, que l’individualisme du Taoïsme.
- En s’inclinant officiellement sur le tombeau de Confucius, dans la Forêt des Kong, l’empereur intronisa solennellement la doctrine confucéenne comme idéologie nationale et morale de l’Etat.
- La dynastie des Tang (618-907) juge que le bouddhisme et le taoïsme ont pris une place trop importante. Ils décident de débarrasser le confucianisme d’un certain nombre d’erreurs accumulées au cours des siècles, et d’y trouver de qui combattre à la fois l’individualisme taoïste et la décourageante tendance bouddhiste à considérer le monde comme une illusion. Ils construisent à partir des bases confucéennes réinterprétées, une cosmologie et une théorie de la connaissance propres à rendre obsolètes celles di taoïsme et du bouddhisme.
- Appelé à tort « néoconfucianisme », cette réforme va museler la Chine pour sept siècles, et pire encore, torturer les femmes chinoise, en faisant d’une mode stupide et cruelle, le bandage des pieds des petites filles, une « coutume » sanctifiée par le temps.
- On peut douter que Confucius reconnaîtrait comme sien ce rigorisme à quoi le « néoconfucianisme » va réduire son enseignement.
- XXIème siècle, double retour du confucianisme en Chine : institutionnel et médiatique. Des filières de philosophie confucéenne sont instaurées dans les universités. Depuis 2004, des « Instituts Confucius », financés par le gouvernement chinois, se répandent dans le monde à un rythme soutenu.
Ce qui fut reproché à Confucius:
- La naïveté de son projet : « la vertu n’est jamais solitaire, on fait cercle autour d’elle.»
- Être passéiste: le coup de génie de Confucius, c’était, sous couvert de faire appel au passé, de favoriser l’émergence de temps nouveaux. « Quiconque est capable de « recuire » un savoir ancien, est apte à enseigner. » Cuire peut nous faire entendre la cuisson à la vapeur des « raviolis chinois », une autre sorte de lente infusion. « Un confucéen n’approuve pas un individu simplement parce qu’il soutient une certaine opinion, ni ne rejette une opinion au seul motif qu’elle émane d’un certain individu. »
C’est à dire, comme l’explique Anne Cheng :
« Ce n’est pas parce qu’il dit quelque chose de bien qu’un être mauvais cesse de l’être ; l’approuver n’est pas l’absoudre. Mais ce n’est pas parce que quelqu’un est mauvais que l’on doit rejeter automatiquement tout ce qu’il dit ; l’écouter n’est pas non plus l’absoudre. »
- Etre rigide: or ne dit-il pas : « le confucéen n’a pas une attitude rigide de refus oud ‘acceptation ; il ne cherche pas plus à s’adapter qu’à s’opposer ; il est sans parti pris, le juste est la seule règle. »
- Etre misogyne: si les femmes n ‘ont aucun rôle, dans son école, c’est qu’à son époque, les femmes n’avaient qu’une place fort restreinte ! En Chine, comme dans le reste du monde. De même que Bouddha, son contemporain, il refusa longtemps d’ordonner les femmes. Il accepta, tardivement, de créer un ordre monastique féminin, soumettant cependant les nonnes au contrôle strict des moines de sexe masculin.
- Ses silences: on oublie trop souvent en Occident, que la particularité de la psychologie chinoise, en matière de communication, tient au fait que dans tout message, ce qui n’est pas dit est aussi important que ce qui est dit. Pour Confucius, seul compte à ses yeux les idées validées par leur pratique. « Tous les citoyens naissent libres et égaux », l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme n’aurait probablement pas trouvé grâce à ses yeux, il aurait sûrement préféré : « Egaux à la naissance, les gens divergent par leur pratique. »
Bénéfices des enseignements de Confucius ?
- Mieux comprendre les Chinois, nous enrichir de leur art de vivre ensemble.
- Nous rappeler de toujours chercher à nous améliorer, à nous redresser lorsque nous traversons des situations difficiles, ou lorsque la facilité nous amollit.
- Développer en nous la vertu de la bienveillance, pour faire baisser le niveau d’agressivité dan tous les rapports humains.
L’Enseignement de Confucius :
- Que faut-il faire pour bien gouverner ?
« Cultiver les 5 trésors, éliminer les 4 fléaux. »
- Les 5 trésors : « Etre généreux sans dépenser, c’est-à-dire être charitable sans être prodigue ; encourager le peuple au labeur sans susciter la rancune ; avoir des objectifs mais pas de convoitise ; être digne sans arrogance ; être imposant sans être intimidant. »
- Les 4 fléaux : « Punir de mort au lieu d’instruire, c’est de la tyrannie ; exiger des récoltes, sans avoir semé, c’est-à-dire attendre qu’un travail soit fait sans donner de délai, c’est de l’oppression ; être lent à émettre des ordres et prompt à exiger leur exécution, c’est de l’arbitraire ; donner à quelqu’un son dû tout en le faisant avec parcimonie, c’est de la mesquinerie. »
- L’enrichissement: pour l’esprit chinois, s’enrichir n’est ni un but, ni un mal, mais une réalité naturelle. L’argent est considéré comme un flux, une énergie, bien plus qu’une réalité matérielle. Un flux vital, comme tout flux, a besoin d’être alimenté, de circuler. « Il est honteux de devenir riche et honoré quand le pays est mal gouverné. Il est honteux de demeurer pauvre et obscur quand le pays est bien gouverné. »
-Une fois qu’on a attiré à soi une population nombreuse, que faut-il faire ?
-« Enrichissez-les. »
-Et une fois que l’on a enrichi les gens, que faut-il faire ?
-« Il faut les enseigner. »
- Le RITUEL: relier, former un esprit de corps, forger une sensation communautaire, le rite, par sa fonction sociale, fait partie des rares éléments communs à toutes les sociétés de l’Antiquité.
« Les rites sont dans le temps ce que la demeure est dans l’espace. Car il est bon que le temps qui s’écoule ne paraisse point nous user et nous perdre comme la poignée du sable, mais nous accomplir. Il est bon que le temps soit une construction. Ainsi, je marche de fêtes en fêtes d’anniversaires en anniversaires et de vendanges en vendanges. » (Antoine de St Exupéry, Citadelle).
Par sa simple valeur rythmique, le rite produit un effet d’entraînement moral. Grâce à l’intériorisation du rituel, l’honnêteté peut devenir une seconde nature. Pour l’esprit chinois, suivre les rites, c’est à chaque fois faire corps avec le moment.
Comment mieux gouverner ses rapports avec les autres?
- Des hommes droits: face à un mauvais gouvernement, tout en spécifiant de « ne jamais se départir de sa droiture », Confucius conseille simplement de « parler avec prudence » (littéralement « avec la modestie d’un petit-fils.)
- Juger la moralité d’un acte: le seul étalon acceptable pour juger de l’adéquation morale est en chacun de nous, c’est l’étude qui permet de l’affiner, afin de pouvoir toujours distinguer l’action appropriée, à chaque moment en particulier. On peut s’auto examiner quotidiennement sur trois points :
«- Ai-je manqué de loyauté dans mes engagements envers autrui ?
-Me suis-je montré digne de la confiance de mes amis ?
-Ai-je mis en pratique ce qu’on m’a enseigné ? »(Maître ZENG)
L’enseignement de Confucius consiste en une seule chose :
- Exigence, envers soi-même,
- Indulgence, envers autrui,
- Un point c’est tout.
(Entretiens 4/15)
Les idéogrammes, Indulgence et Exigence, sont tous deux écrits avec le signe du cœur.
- Dans le caractère Exigence, c’est le versant Yang, dirigé vers l’extérieur, de l’enseignement de Confucius, avoir envers autrui l’attitude qui convient à la personne et à la situation. On pourrait parler, aujourd’hui, exigence de fidélité, de loyauté, d’honnêteté, en général, mais particulièrement celle que les supérieurs doivent avoir envers leurs inférieurs.
- Dans le caractère Indulgence, qui signifie aujourd’hui « être bienveillant, tolérant, indulgent, pardonner ». C’est le versant Yin des enseignements de Confucius, dirigé vers l’intérieur : se comporter envers les autres comme on voudrait qu’ils se comportent envers soi-même.
- « Ne jamais faire aux autres ce qu’on aimerait pas qu’ils nous fassent. » (Entretiens, 15/24)
Élégance dans la modestie:
La modestie n’est pas une vertu en Chine, mais une défense qui peut prendre la forme d’une parure.
« Le clou qui dépasse, c’est celui qui reçoit le coup de marteau. »
« Le bel arbre attire la cognée. »
L’humanisme, la simplicité, l’amitié :
- « Le savoir, c’est connaître ce qu’on sait et reconnaître ce qu’on ne sait pas. »
- L’amitié est restée une vertu essentielle pour les Chinois
- « Voir des amis qui viennent de loin pour vous rendre visite, n’est-ce pas une grande joie ? » cette phrase est la seconde du premier paragraphe des Entretiens.
Rectifier les noms:
les noms, quand ils sont adéquats, sont autant des injonctions que des dénominations. Aussi, lorsqu’ils sont justes, ils aident à discerner l’attitude à tenir envers ce qu’ils désignent. Rectifier les noms est donc un acte de vertu sociale.
Rendre justice:
- « Un confucéen place la justice au-dessus de tout. Un confucéen rempli de bravoure mais manquant de justice devient rebelle. Un être mesquin rempli de bravoure mais manquant de justice devient un bandit. » (Entretiens, 17/23)
- Lorsqu’on demande à Confucius sont opinion sur la question « rendre » le bien pour le mal », il répond vertement : « Mais, si vous récompensez le mal par le bien, par quoi récompenserez-vous le bien ? Récompensez le bien par le bien et le mal pas la justice. »
COMMENT MEUX SE GOUVERNER SOI-MEME
Le domaine religieux et la mort :
- La vie a imposé la mort comme une de ses propres lois, la mort révèle la vie, comme seul principe absolu : « La vie engendre la vie sans arrêt. » (Yi jing)
- Corriger ses fautes :« Commettre une faute et ne pas s’en corriger, c’est la faute. » (Entretiens 15/30). Fauter est humain, normal, la chose vraiment fautive est l’indolence. Ne pas saisir l’occasion de l’erreur commise pour en prendre conscience, s’en désoler ou s’en culpabiliser, au lieu d’en profiter pour avancer, pour s’améliorer, voilà la faute véritable.
- Ne pas juger les autres : différencier les personnes et leurs actes, de manière à ne juger que les actes et jamais les gens. Les jugements portés sur les actes doivent aussi savoir se distancier les sentiments que la personne peut faire naître autour d’elle.
Le devoir d’humanité (REN) :
Le perfectionnement de soi est à la fois un but et une méthode. Le devoir d’humanité contient la bonté, l’amour d’autrui, le respect, la piété filiale, la sincérité, l’observance des rites, la bienveillance, l’oubli de soi, la générosité….Le « ren » c’est vouloir pour autrui ce qu’on voudrait pour soi-même.
« Celui qui est sans humanité (ren) ne saurait tenir longtemps ni dans l’adversité, ni dans la prospérité. » (Entretiens, 4/2)
Cultiver la bienveillance et le devoir d’humanité, ce n’est pas aimer tout le monde ; il y a dans la vie des choses et des gens qui sont détestables et que l’on doit détester.
« Qui saurait faire régner cinq choses dans le monde, réaliserait le REN : déférence, tolérance, bonne foi, diligence et générosité. La déférence garantit des insultes. La tolérance se concilie tous les cœurs. La bonne foi suscite la confiance des gens. La diligence assure le succès. La générosité permet de commander aux autres. » (Entretiens, 17/16)
Epilogue :
« La vie d’un être ne vaut que par sa droiture. Sans droiture, elle ne tient qu’au hasard. » (Entretiens, 6/19)
Confucius pensait pouvoir résoudre tous les problèmes d’un monde en mutation par la morale, et sur ce point, il a échoué, comme il a échoué socialement.
Mais ce double échec est un bienfait, sinon, nous n’aurions pas les Entretiens !
Cet échec peut aussi nous apprendre à ne jamais nous décourager de poursuivre chacun notre effort d’amélioration individuelle.
« Le devoir d’humanité, c’est être humain. »